vendredi 11 juin 2010

Récital Mozart et Schumann

Dans un bois solitaire K 308 (Antoine Ferrand)

Dans un bois solitaire et sombre
Je me promenais l'autr' jour,
Un enfant y dormait à l'ombre,
C'était le redoutable Amour.

J'approche, sa beauté me flatte,
Mais je devais m'en défier;
Il avait les traits d'une ingrate,
Que j'avais juré d'oublier.

Il avait la bouche vermeille,
Le teint aussi frais que le sien,
Un soupir m'échappe, il s'éveille;
L'Amour se réveille de rien.

Aussitôt déployant ses ailes et saisissant
Son arc vengeur,
L'une de ses flèches, cruelles en partant,
Il me blesse au cœur.

Va! va, dit-il, aux pieds de Sylvie,
De nouveau languir et brûler!
Tu l'aimeras toute la vie,
Pour avoir osé m'éveiller.


Das Veilchen (Goethe)

Ein Veilchen auf der Wiese stand,
Gebückt in sich und unbekannt;
Es war ein herzigs Veilchen.
Da kam eine junge Schäferin
Mit leichtem Gang
und munterm Sinn
Daher, daher,
die Wiese her und sang.

Ach! denkt das Veilchen,
Wär' ich nur
Die schönste Blume der Natur,
Ach, nur ein kleines Weilchen,
Bis mich das Liebchen abgepflückt,
Und an dem Busen matt gedrückt!
Ach nur, ach nur
Ein Viertelstündchen lang!

Ach! aber ach!
Das Mädchen kam
Und nicht in acht das Veilchen nahm;
Ertrat das arme Veilchen.
Es sank und starb
und freut' sich noch:
Und sterb' ich denn,
So sterb' ich doch
Durch sie, durch sie,
Zu ihren Füßen doch.
Es war ein herzigs Veilchen.

La violette

Une violette était dans un pré,
Anonyme et bien recourbée
C'était une bien charmante violette.
Quand vint une jeune bergère,
A la démarche légère, d'humeur joyeuse,
Chantonnant par les prés.

Que ne suis-je, se dit la violette,
La plus belle fleur de la nature!
Le temps serait-il venu,
Que la belle me cueille
Et me serre sur son cœur,
Ne serait-ce qu'un petit quart d'heure!

Mais lorsque la jeune fille approcha,
Elle n'eut aucun égard pour la violette,
Et simplement la piétina.
Fauchée, mourante, la violette
Se réjouit malgré tout:
Certes, j'agonise et je meurs,
Mais c'est par elle
Et à ses pieds.
C'était une bien charmante violette.

Warnung

Männer suchen stets zu naschen,
Läßt man sie allein;
Leicht sind Mädchen zu erhaschen,
Weiß man sie zu überraschen!

Soll das zu verwundern sein?
Mädchen haben frisches Blut,
Und das Naschen schmeckt so gut.

Doch das Naschen vor dem Essen
Nimmt den Appetit.
Manche kam, die das vergessen,
Um den Schatz, den sie besessen,
Und um ihren Liebsten mit.

Väter, laßt’s euch Warnung sein:
Sperrt die Zuckerplätzchen ein!
Sperrt die jungen Mädchen ein!

Avis

Les hommes cherchent toujours à manger des friandises,
Dès qu’on les laisse seuls,
Les demoiselles sont faciles à attraper,
Si l’on sait les surprendre!

Faut-il s’en étonner?
Les jeunes demoiselles ont le sang frais,
Quelle délicieuse friandise.

Mais grignoter avant le repas
Coupe l’appétit.
Plus d’une qui l’oublia,
Perdit le trésor qu’elle possédait
Et avec cela son bien-aimé.

Pères, que cela vous soit un avertissement:
Mettez les bonbons sous clef!
Mettez les jeunes demoiselles sous clef!

An Chloe, K. 524 (Johann Georg Jacobi)

Wenn die Lieb’ aus deinen blauen,
Hellen, offnen Augen sieht,
Und vor Lust hinein zu schauen,
Mir’s im Herzen klopft und glüht;
Und ich halte dich und küsse
Deine Rosenwangen warm,
Liebes Mädchen, und ich schließe
Zitternd dich in meinen Arm!

Mädchen, Mädchen, und ich drücke
Dich an meinen Busen fest,
Der im letzten Augenblikke
Sterbend nur dich von sich läßt;
Den berauschten Blick umschattet,
Eine düstre Wolke mir,
Und ich sitze dann ermattet,
Aber selig neben dir.

À Chloé


Quand l’amour jaillit limpide
De tes yeux bleus grands ouverts
Et que la joie de les contempler
Fait battre et s’enflammer mon cœur,
Quand je t’étreins et embrasse
Avec ardeur les roses de tes joues,
Ma mie, et que je te serre
En tremblant dans mes bras!

Bien-aimée, quand je te presse
Fermement contre ma poitrine
Qui jusqu’à l’ultime instant
De la mort jamais ne t’abandonnera,
Alors mon regard enivré
Est obscurci par un sinistre nuage,
Et je demeure assis à tes côtés,
Épuisé mais heureux.

Un moto di gioia (Lorenzo da Ponte) Août 1789......

Un moto di gioia
Mi sento nel petto,
Che annunzia diletto
In mezzo il timor!

Speriam che in contento
Finisca l'affanno
Non sempre è tiranno
Il fato ed amor.

Une émotion joyeuse

Je sens dans mon cœur
une émotion joyeuse
Qui annonce le bonheur
Malgré mes peurs

Espérons que le souci
Finira en contentement
Le destin et l'amour
Ne sont pas toujours des tyrans

Senhsucht

Komm, lieber Mai, und mache
die Bäume wieder grün,
und laß uns an dem Bache
die kleine Veilchen blühn!
Wie möchten wir so gerne
ein Blümchen wieder sehn
ach, lieber Mai, wie gerne
einmal spazieren gehn!

Zwar Wintertage haben
wohl auch der Freuden viel,
man kann im Schnee eins traben
und treibt manch Abendspiel;
baut Häuserchen von Karten,
spielt Blindekuh und Pfand,
auch gibts wohl Schlittenfahrten
aufs liebe freie Land.

Doch wenn die Vöglein singen,
und wir dann froh und flink,
auf grünem Rasen springen,
das ist ein ander Ding!
Jetzt muss mein Steckenpferdchen
dort in dem Winkel stehn,
denn draußen in dem Gärtchen
kann man vor Schmutz nich gehn.

Nostalgie du printemps

Viens, cher mois de mai,
Et fais reverdir les arbres,
Et laisse-nous les violettes
Fleurir près du ruisseau !
Comme nous aimerions
Revoir une petite fleur
Ah, cher mois de mai, comme nous aimerions
Aller nous promener.

C'est vrai que les jours d'hiver
Apportent aussi beaucoup de joies
On peut trotter dans la neige
Et jouer à des jeux d'intérieur ;
Construire des châteaux de cartes,
Jouer à colin-maillard ou à chat perché,
Il y a des courses de traîneaux
Sur cette chère terre de liberté.

Pourtant, quand les petits oiseaux chantent
Et que nous sautons, joyeux et agiles,
Sur les pelouses vertes,
C'est autre chose !
Maintenant, mon petit cheval de bois
Doit rester dans son coin,
Car nous ne pouvons pas sortir dans le jardin,
À cause de la boue.

Oiseaux, si tous les ans, K.307 ( Antoine Ferrand)

Oiseaux, si tous les ans
Vous changez de climats.
Dès que le triste hiver
Dépouille nos bocages;
Ce n’est pas seulement
Pour changer de feuillages,
Ni pour éviter
Nos frimas.
Mais votre destinée
Ne vous permet d’aimer
Qu’à la saison des fleurs.
Et quand elle est passée,
Vous la cherchez ailleurs
afin d’aimer toute l’année.

Berceuse, qui était autrefois attribuée à Mozart, mais est en fait de Bernhard Flies, un médecin né en 1770

Schlafe, mein Prinzchen, schlaf ein
Es ruh'n Schäfchen und Vögelein
Garten und Wiesen verstummt
Auch nicht ein Bienchen mehr summt
Luna mit silbernem Schein
Gucket zum Fenster herein
Schlafe beim silbernem Schein
Schlafe, mein Prinzchen, schlaf ein
Schlaf ein, schlaf ein
Auch in dem Schlosse schon liegt
Alles im Schlummer gewiegt
Reget kein Mäuschen sich mehr
Keller und Küche sind leer
Nur in der Zofe Gemach
Dröhnet ein schmelzendes ach
Was für ein Ach mag das sein
Schlafe, mein Prinzchen, schlaf ein
Schlaf ein, schlaf ein
Wer ist beglückter als du
Nichts als Vergnügen und Ruh
Spielwerk und Zucker vollauf
Und auch Karossen im Lauf
Alles besorgt und bereit
Dass nur mein Prinzchen nicht schreit
Was wird da künftig erst sein
Schlafe, mein Prinzchen, schlaf ein
Schlaf ein, schlaf ein

Mon bel ange va dormir
Dans son nid d'oiseau va se blottir
Et la rose et le souci
Là-bas dormiront aussi
La lune qui brille aux cieux
Vois si tu fermes les yeux
La brise chante dehors
Dors, mon petit prince, dors
Ah! dors, dors

Mon ange a-t-il un désir
Tout pour lui n'est que joie et plaisir
De jouet il peut changer
Il a un moutons et bergers
Il a chevaux et soldats
S'il dort et ne pleure pas
Il aura d'autres trésors
Dors, mon petit prince, dors
Ah! dors, ahahaha dors, ahahaha dors

Der Nußbaum

Es grünet ein Nußbaum vor dem Haus,
Duftig, luftig breitet er blättrig die Blätter aus.
Viel liebliche Blüten stehen dran;
Linde Winde kommen, sie herzlich zu umfahn.
Es flüstern je zwei zu zwei gepaart,
Neigend, beugend zierlich zum Kusse die Häuptchen zart.
Sie flüstern von einem Mägdlein,
Das dächte die Nächte und Tage lang,
Wußte, ach! selber nicht was.
Sie flüstern - wer mag verstehn so gar leise Weis'? -
Flüstern von Bräut'gam und nächstem Jahr.
Das Mägdlein horchet, es rauscht im Baum;
Sehnend, wähnend sinkt es lächelnd in Schlaf und Traum.

Le noyer

Un Noyer verdit devant la maison,
De nombreuses fleurs, charmantes, s'y trouvent;
De doux vents viennent les contourner tendrement
Ils chuchotent, accouplés deux par deux
Penchant, pliant imperceptiblement
pour embrasser leurs petites têtes.
Leurs murmures parlent d'une jeune fille,
Qui pensait pendant des nuits et des jours,
Et qui ne savait, hélas, elle-même pas même quoi.
Elles chuchotent - qui peut comprendre ces voix si douces
Leurs murmures parlent d'époux et du jour suivant.
La jeune fille écoute, l'arbre bruit;
Plein de désir, tandis
qu'en souriant, elle sombre dans le sommeil et les rêves.


Widmung

Du meine Seele , du mein Herz,
Du meine Wonne, du mein Schmerz,
Du meine Welt, in der ich lebe,
Mein Himmel du, darein ich schwebe,
O du mein Grab, in das hinab
Ich ewig meinen Kummer gab.

Du bist die Ruh, du bist der Frieden,
Du bist der Himmel mir beschieden.
Daß du mich liebst, macht mich mir wert,
Dein Blick hat mich vor mir verklärt,
Du hebst mich liebend über mich,
Mein guter Geist, mein beßres Ich!

Dédicace

Toi mon âme, toi mon coeur,
Toi ma joie de vivre, toi ma peine,
Toi mon monde, dans lequel je vis,
Mon ciel c'est toi, auquel je suis suspendu,
O toi mon tombeau, dans lequel
Je déposerai pour toujours mon chagrin.

Tu es la tranquillité, tu es la paix,
Tu es le ciel qui m'est échu.
Que tu m'aimes, me rend digne,
Ton regard est la lumière de mes yeux,
Ton amour m'élève au-dessus de moi-même,
Mon bon esprit, mon meilleur moi!


Du bist wie eine Blume

Du bist wie eine Blume
so hold und schön und rein
ich schau' dich an, und Wehmut
schleicht mir ins Herz hinein.

Mir ist, als ob ich die Hände
aufs Haupt dir legen sollt',
betend, daß Gott dich erhalte
so rein und schön und hold.

Tu es pareille à une fleur

Tu es pareille à une fleur,
Aussi douce, aussi belle, aussi pure.
Te vois-je? La mélancolie
En mon coeur bientôt vient se glisser.

Je ne possède qu'un souhait:
Poser sur ton doux front mes deux mains
En priant Dieu de te garder
Aussi pure, aussi belle, aussi douce.

Der Sandmann
(Hermann Kletke)

Zwei feine Stieflein hab ich an
Mit wunderweichen Söhlchen dran,
Ein Säcklein hab ich hintenauf!
Husch! tripp! ich rasch die Trepp hinauf.

Und wenn ich in die Stube tret,
Die Kinder beten ein Gebet:
Von meinem Sand zwei Körnelein
Streu ich auf ihre Äugelien,
Da schlafen sie die ganze Nacht
In Gottes und der Englein Wacht.
Von meinem Sand zwei Körnelein
Streut’ ich auf ihre Äugelein:
Den frommen Kindern soll gar schön
Ein froher Traum vorübergehn.

Nun risch und rasch mit Sack und Stab
Nur wieder jetzt die Trepp hinab.
Ich kann nicht länger müßig stehn,
Muß heut noch zu gar vielen gehn.
Da nickt ihr schon und lacht im Traum,
Und öffnete doch mein Säcklein kaum.

Le Marchand de sable

De deux bottes fines je chausse mes pieds
Leurs semelles sont souples à souhait,
Dans mon dos, je porte un sac!
Youp! Là, là! En deux bonds je monte l’escalier.

Et lorsque j’entre dans la chambre,
Les enfants font leur prière:
Je jette sur leurs petits yeux
Deux petits grains de mon sable
Et sous la garde de Dieu et des anges
Ils dorment toute la nuit.
Deux petits grains de mon sable
J’ai jeté sur leurs petits yeux:
Pour les enfants sages un rêve très beau
Et joyeux passe devant eux.

Et hop, en avant, mon sac et mon bâton,
D’une traite je dévale l’escalier.
L’oisiveté n’est pas mon lot,
Aujourd’hui encore je dois faire ma tournée.
Déjà assoupis vous riez dans vos rêves
Et n’avez guère ouvert mon sac.

(Gustav)

Mondnacht

Es war, als hätt' der Himmel,
Die Erde still geküßt,
Daß sie im Blütenschimmer
Von ihm nur träumen müßt.

Die Luft ging durch die Felder,
Die Ähren wogten sacht,
Es rauschten leis die Wälder,
So sternklar war die Nacht.

Und meine Seele spannte
Weit ihre Flügel aus,
Flog durch die stillen Lande,
Als flöge sie nach Haus.

Nuit de lune

C’était, comme si le ciel
avait embrassé la terre,
comme si dans la clarté des fleurs,
elle ne pouvait rêver que de lui.

L’air s’étendait sur les champs,
les blés ondoyaient gracieusement,
les forêts bruissaient doucement,
la nuit était claire d’étoiles.

Et mon âme étendait
largement ses ailes,
volait au-dessus des campagnes calmes,
comme si elle revenait chez elle.

Frühlingsnacht

Über’n Garten durch die Lüfte
hört ich Wandervögel ziehn,
das bedeutet Frühlingsdüfte,
unten fängt’s schon an zu blüh’n.

Jauchzen möcht’ ich, möchte weinen,
ist mir’s doch, als könnt’s nicht sein!
Alte Wunder wieder scheinen
mit dem Mondesglanz herein.


Und der Mond, die Sterne sagen’s,
und im Traume rauscht’s der Hain,
und die Nachtigallen schlagen’s:
Sie ist deine, sie ist dein!

Nuit de printemps

D’un grand coup d’aile les oiseaux migrateurs
Survolent la campagne,
Annonciateurs des senteurs printanières,
Les fleurs vont bientôt éclore.

J’ai envie de crier de joie, j’ai envie de pleurer,
J’ai pourtant du mal à y croire !
Le clair de lune va faire renaître
Des émerveillements évanouis.

La lune, les étoiles le disent,
Dans leurs rêves, les bois le murmurent
Et les rossignols le chantent à plein gosier :
Elle est tienne, elle est tienne!

Die Lotusblume ängstigt (Heinrich Heine)

Die Lotusblume ängstigt
Sich vor der Sonne Pracht
Und mit gesenktem Haupte
Erwartet sie träumend die Nacht.

Der Mond, der ist ihr Buhle
Er weckt sie mit seinem Licht,
Und ihm entschleiert sie freundlich
Ihr frommes Blumengesicht,

Sie blüht und glüht und leuchtet
Und starret stumm in die Höh';
Sie duftet und weinet und zittert
Vor Liebe und Liebesweh.

Frêle fleur, le lotus

Frêle fleur, le lotus
Craint l'éclat du soleil;
La tête inclinée,
Il attend la nuit, songeur.

La lune, son amante,
De sa lueur l'éveille;
Voici qu'il lui tend
Son doux visage floral.

Ardent et radieux,
Il fixe, muet, le ciel,
Il embaume, pleure,
Frissonne du mal d'aimer.

Aufträge

Nicht so schnelle, nicht so schnelle!
Wart ein wenig, kleine Welle!
Will dir einen Auftrag geben
An die Liebste mein.
Wirst du ihr vorüberschweben,
Grüße sie mir fein!
Sag, ich wäre mitgekommen,
Auf dir selbst herabgeschwommen:
Für den Gruß einen Kuß
Kühn mir zu erbitten,
Doch der Zeit Dringlichkeit
Hätt' es nicht gelitten.

Nich so eillig! halt! erlaube,
Kleine, leichtbeschwingte Taube!
Habe dir was aufzutragen
An die Liebste mein!
Sollst ihr tausend Grüße sagen,
Hundert obendrein.
Sag, ich wär' mit dir geflogen,
Über Berg und Strom gezogen:
Für den Gruß einen Kuß
Kühn mir zu erbitten,
Doch der Zeit Dringlichkeit
Hätt' es nicht gelitten.

Warte nicht, daß ich dich treibe,
O du träge Mondesscheibe!
Weißt's ja, was ich dir befohlen
Für die Liebste mein:
Durch das Fensterchen verstohlen
Grüße sie mir fein!
Sag, ich wär' auf dich gestiegen,
Selber zu ihr hinzufliegen:
Für den Gruß einen Kuß
Kühn mir zu erbitten,
Du seist schuld, Ungeduld
hätt mich nicht gelitten.


lundi 8 mars 2010

Le sonnet n°256 de Pétrarque, in italiano, English, und ja, Deutsch

L'original italien

Far potess'io vendetta di colei
che guardando et parlando mi distrugge,
et per piú doglia poi s'asconde et fugge,
celando gli occhi a me sí dolci et rei.

Cosí li afflitti et stanchi spirti mei
a poco a poco consumando sugge,
e 'n sul cor quasi fiero leon rugge
la notte allor quand'io posar devrei.

L'alma, cui Morte del suo albergo caccia,
da me si parte, et di tal nodo sciolta,
vassene pur a lei che la minaccia.

Meravigliomi ben s'alcuna volta,
mentre le parla et piange et poi l'abbraccia,
non rompe il sonno suo, s'ella l'ascolta.

La traduction anglaise par A.S. Kline

If I could take my vengeance on her
whose glances and words consume me,
and who then, to increase my pain, flees,
hiding those eyes so sweet and painful to me.

So my weary and afflicted spirits
little by little are exhausted,
and she roars like a lioness in my heart,
through the night when I need to sleep.

The soul, that Death drives from its place,
parts from me, and free of that net,
goes towards her who menaces.

I wonder if there are times indeed,
in my calls to it, my tears, embraces,
when her sleep is troubled, if she hears me.

La traduction allemande de Karl Förster, utilisée par Schönberg

O könnt? ich je der Rach? an ihr genesen,
Die mich durch Blick und Rede gleich zerstöret,
Und dann zu größerm Leid sich von mir kehret,
Die Augen bergend mir, die süßen, bösen!

So meiner Geister matt bekümmert Wesen
Sauget mir aus allmählich und verzehret und brüllend,
Und brüllend, wie ein Leu, ans Herz mir fähret
Die Nacht, die ich zur Ruhe mir erlesen!

Die Seele, die sonst nur Tod verdränget,
Trennt sich von mir, und, ihrer Haft entkommen,
Fliegt sie zu ihr, die drohend sie empfänget.

Wohl hat es manchmal Wunder mich genommen,
Wenn die nun spricht und weint und sie umfänget,
Daß fort sie schläft, wenn solches sie vernommen.